Cette exposition retrace les vies d’Annia, de Marousia et de Sonia ; elles sont voisines et vivent à un kilomètre de distance. Annia, la plus âgée des quatre, avait une sœur handicapée sur qui elle a veillé durant de nombreuses années. Elles sont revenues toutes les deux en 1986 à peine six mois après la catastrophe. Elle a raconté sa difficile vie à Frédéric.

Elles ont laissé les enfants d’Annia à Kiev afin qu’ils puissent avoir une meilleure vie, mais comme Annia l’a dit : « Ici, c’est chez moi et je ne veux pas mourir ailleurs ». En 2021, Sonia, la sœur d’Annia, est morte de vieillesse. Ce fut une grande tristesse mais aussi un soulagement pour Annia, qui était inquiète de risquer de partir avant sa sœur handicapée. Annia vit à côté de sa copine d’enfance Marousia, plus jeune de neuf ans ; toujours joyeuses de se rencontrer comme deux grands-mères, elles plaisantent ensemble. Leur plus grand plaisir est la rencontre avec les gens de l’extérieur, comme avec Frédéric, mais également avec les touristes venant visiter la zone de Chernobyl, « Chonobyl » en ukrainien. 

Avec l’aide d’une traductrice, Frédéric a décidé de rédiger un livre sur l’histoire de ces femmes et hommes qui ont eu une vie hors du commun dans cette zone. Marousia montre avec fierté sa médaille et son carnet prouvant qu’elle a été parmi les liquidateurs de la zone qui ont nettoyé jusqu’à l’an 2000 toute la zone et surtout la ville de Pripyat. En vidant tous les appartements des objets qu’ils contenaient, en nettoyant à l’eau mais aussi avec divers produits les rues, avenues et bâtiments. 

Beaucoup d’ouvrages parlent de la catastrophe et montrent essentiellement des photos de Pripyat. Mais peu de personnes, comme Frédéric, ont vécu des moments aussi forts lors de ses multiples visites avec les survivants de cette zone, que l’on peut qualifier d’oubliés ; oubliés par les médias mais également par les gouvernements. 

Plusieurs hommes et femmes ont aidé à reloger les divers habitants de la zone. Un directeur d’usine de produits laitiers a même créé dans sa ville un musée de la mémoire de la zone de Chernobyl. Il a réussi à reloger plusieurs familles dans la ville où il est né, et aussi à déménager certaines maisons, églises, lieux de rencontre qui n’étaient pas contaminés car situés hors de la zone afin de les préserver et les faire déplacer dans un musée à ciel ouvert pour préserver la mémoire de ces lieux. 

Le projet de livre actuellement en cours est une trace pour montrer l’histoire de ces oubliés.