FILM – LES HARMONIES INVISIBLES
Imprégnés par les contes arctiques qui ont bercé leur enfance, deux frères, Laurent, apnéiste, et Vincent, cinéaste, partent sur les traces de la légende du narval. En chemin, ils rencontrent le peuple inuit avec qui ils vont partager une quête poétique de respiration avec le monde.
deux frères en quête de leur rêve d’enfance
Les contes arctiques de leur enfance ont fixé dans leur mémoire visuelle, l’image du narval, cette licorne des mers, avec sa longue dent torsadée, affleurant à la surface de l’eau. Partir en Arctique en quête de cette image, c’est pour Laurent et Vincent l’occasion de confronter leurs rêves d’enfant avec la réalité d’un univers soumis à des bouleversements rapides.
« Au cœur de la mythologie inuite, le narval incarne l’univers hyper boréal » nous dit l’artiste inuit Andrew Qappik. Mais il ne faut pas perdre de vue que cet animal chassé pour sa viande, sa dent et sa peau, est devenu rare. Il incarne la fragilité du monde inuit. En effet, si nous n’y prenons pas garde, le patrimoine culturel de ces hommes du grand Nord est voué à disparaître. Leur monde s’efface avec la fonte de la banquise. Pour les frères Marie, la perte des repères ancestraux des Inuit conduirait aussi à la disparition de la puissance vitale des contes qui ont nourri leur enfance. Les Harmonies Invisibles cherchent une fenêtre ouverte sur le monde animée par la magie du cinéma.
Le film propose ainsi de rendre compte des liens invisibles qui relient l’homme à l’animal, l’imaginaire au réel, mais aussi le lien que tissent deux frères dans leur appréhension du monde.
A propos des réalisateurs
Laurent Marie
À trente ans il a plongé au Cap Horn, s’est rendu deux fois en Antarctique et trois fois en Arctique. Aussi n’est-il pas surprenant de le voir à l’image nager au milieu des blocs de glace, à peine sorti de son duvet. Il a raconté sa rencontre avec les Inuits dans un livre pour la jeunesse, Un monde de glace, et se rend souvent dans des écoles pour parler de ses expéditions. L’image et son pouvoir sont pour lui un moyen de sensibiliser les jeunes générations à la beauté du monde et à l’évolution climatique. En 2014, il est co-auteur d’un documentaire pour Thalassa, Un monde de glace, réalisé par Jérôme Maison. Il peaufine la préparation d’une exploration de deux ans autour du monde à la recherche des peuples qui vivent entre terre et immersion dans l’océan. ll s’attèle également à l’édition d’un second livre pour jeune public avec des dessins d’Andrew Qappik (l’artiste inuit associé à la quête du naval dans les Harmonies Invisibles).
Vincent Marie
Parce qu’il est chercheur et cinéaste, il faut découvrir Vincent de case en case. Habile à nourrir ses passions d’enfant, Vincent a fait de la bande dessinée son terrain d’études et de création. Un doctorat liant histoire et BD, commissaire, directeur de publications, cet agrégé d’histoire enseigne aussi le cinéma.
Le chercheur n’est jamais loin de l’homme et de son envie de comprendre ses semblables. Son travail ressemble à une bibliothèque et une iconothèque bien garnie, toujours en évolution.
Dans la continuité des Harmonies invisibles, il travaille à l’illustration, avec ses propres des sins, d’un conte inuit pour un court film d’animation intitulé Inukshuk, porté par la voix de Yolande Moreau.
Interview croisée
D’où vous est venue l’idée de réaliser ce film ?
Au cours d’une expédition en Antarctique, nous avions réalisé le film Un monde de glace sur l’Antarctique. Je (Vincent) n’avais pas pu participer à l’aventure. Mais à l’époque, il projetait déjà de partir au pôle Nord…. Avec l’Arctique ce qui m’intéressait c’était le rapport de l’homme à la nature du point de vue des Inuits.
Mais en réalité tout a commencé avec un globe terrestre qui faisait office de bar chez nos grands-parents. Quand nous étions gamins, on passait notre temps à tracer avec nos doigts des itinéraires sur cette mappemonde…
Quel est votre meilleur souvenir du tournage ?
Un des plus beau souvenir est peut-être cette rencontre avec la grand-mère inuite qui est dans le film et qui fête aujourd’hui ses 101 ans. Elle est nominée parmi d’autres autochtones et devrait recevoir une distinction pour l’exemplarité de son parcours. Au-delà de la banquise, au-delà des arbres (il n’y en a pas en Arctique), des pays, des climats, de la couleur de peau, elle véhicule l’idée que pour construire un futur durable, on doit préserver la diversité du langage et des cultures. Un message de paix et de compréhension.